Réussir un mix dépend évidemment du goût et de l’oreille de l’ingénieur de mixage, mais comme souvent, c’est une bonne préparation qui permet à l’ingénieur d’exercer ses talents sur le mixage sans trop se soucier  ou s’embarrasser de problèmes qui peuvent le ralentir dans son travail. Cette préparation est une tache à part entière qui revient à l’assistant mixeur dans les grosses productions. Voici quelques actions que vous pouvez réaliser avant de commencer vos mix afin de vous faciliter la suite du mixage. Il s’agit d’une liste non-exhaustive de tâches plus technique qui, une fois accomplis, permettent à la créativité et à l’imagination de s’exprimer plus librement. Cette liste ne s’applique pas forcément à tout type de production mais illustre bien le rôle indispensable de l’assistant-mixeur en studio. Même si nous abordons ici seulement l’étape précédant le mixage, le travail de l’assistant-mixeur continue pendant et après le mixage. Les points abordés peuvent vous aider à estimer le temps requis pour un projet et ainsi justifier vos tarifs lorsque vous négociez avec un client. Il s’agit aussi simplement d’un aide-mémoire qui vous permettra d’améliorer plus rapidement vos talents de mixeur. Voici la suite de notre liste :

14 – Débarrassez-vous des fichiers audio inutiles (Attention !)

14) Select Unused 2 Clear...

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Une fois le ménage fait (voir point 2 du blog précédent) il peut être judicieux de se débarrasser des fichiers audio inutiles (« Select Unused » puis « Clear… » dans ProTools) afin d’alléger le poids (en octets, « Bytes ») de la session. Si votre session de mix provient directement des sessions d’enregistrement, vous traînez peut être avec vous les multiples « playlists » associées à autant de « takes ». Une session plus légère facilite le temps de transfert d’un studio à l’autre. De plus, vous avez surement autre chose à faire que d’archiver (« backup ») des gigaoctets (« gigabytes ») qui ne vous concernent pas.

15 – Importer les pistes de références

15) Importez Les Pistes De Référence

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En général un client/artiste a déjà une idée de la sonorité désirée pour l’album ou la production. Importez dans votre session les morceaux que l’artiste a donnés en référence. Par exemple un client va me donner un morceau dont je me sers de référence pour la batterie (« drums ») et la basse, un autre morceau comme référence pour la voix, un autre morceau comme référence pour la panoramisation (« pan ») et la largeur stéréo. Ajustez le « fader » de ces pistes là de telle sorte qu’elles soient au même niveau sonore que votre mix. Cela facilite votre écoute lorsque vous passez de votre mix au morceau de référence (avec le bouton « solo » par exemple). Que vous vous en serviez ou pas, il peut être judicieux d’importer dans votre session le « rough mix » fourni par le client. Inévitablement le client va comparer le mix que vous livrerez au « rough mix » qu’il connaît bien et aime. Les pistes de référence sont en jaunes sur la photo, juste après le « Master ». 

16- Mettre des « markers » de début et de fin

16) Markers

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Idéalement les « markers » ont déjà étés placés lors des sessions d’enregistrement. Si ce n’est le cas vous gagnerez du temps à en placer au moins quelques un. Un « marker » de début et un « marker » de fin sont vraiment le minimum. Avec ces deux « markers » tous vos mix qui sortiront de cette session auront la même durée ce qui aide lorsque le client vous revient avec des commentaires et des indications précise de temps. Si chaque mix de cette session a une durée différente les choses se compliquent très vite lorsque certaines personnes ont la version 1 du mix et d’autres ont la version 2 etc. De toute façon, avec des mix de durée identique on a l’air plus professionnel. Dans Pro Tools par exemple c’est tellement facile qu’il n’y a pas d’excuses. Il suffit de se rappeler quelques commandes pour faire un mix rapide du « marker » 1 au « marker » 2 (sur le pavé numérique de votre clavier tapez .1. puis gardez « Shift » appuyé et tapez .2. suivi de « Alt command B », ce qui sélectionne les deux markers et fait le « Bounce to disk »).

17 – Mettre ou déplacer les EQ en première position

17) EQ Premiere Position

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Que vous placiez vos égaliseurs avant la compression, après la compression, ou avant et après, peu importe, l’objectif est de faciliter le travail du cerveau et d’éviter de passer du temps à chercher sur les pistes lequel de vos « plugins » d’insertion est l’égaliseur. Si vous n’utilisez pas le même « plugin » d’égalisation d’une piste à l’autre c’est encore plus fatigant. L’idée est de rester dans le mode créatif (l’hémisphère droit du cerveau) et d’éviter d’interrompre sa concentration pour une tache purement technique qui fait plutôt appel à l’hémisphère gauche du cerveau. Si vos EQ sont toujours en première position, vous n’avez pas besoin de vous poser la question. Cela ne vous empêche pas d’en rajouter un après la compression.

18 – Mettre ou déplacer les compresseurs en deuxième position

18) Comp Deuxieme Position

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Avec la même logique qu’au point précédent, sur vos pistes placez les compresseurs en deuxième position, après l’égaliseur. Comme alternative, vous pouvez le mettre en troisième position si vous avez l’habitude d’avoir un De-esser en deuxième position par exemple.

19 – Activer l’automation des « plugins »

Dans ProTools, automatiser un « plugin » demande  que l’ingénieur active les paramètres du « plugin » qu’il souhaite automatiser. Par exemple si vous savez que vous allez varier le paramètre « feedback » de votre « plugin » d’écho, activez son automation dès le début. Un autre exemple de paramètre à automatiser : sur l’égaliseur d’une piste de guitare acoustique, le point de coupure du filtre passe haut peut varier entre l’intro de la chanson (où la guitare joue seule) et le refrain (où la guitare partage le spectre des fréquences avec d’autres instruments).

20 – Insérer les « plugins » sur le « Master »

20) Master

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Placez tout de suite sur votre piste « master » les « plug-ins » dont vous aurez besoin. Si vous n’avez pas encore de piste « master » dans votre session, c’est l’occasion de la créer. Suivre les niveaux du « master » est le minimum, donc un indicateur de type Vumètre ou LU se retrouve souvent ici. L’indicateur de phase (sous forme de phasescope par exemple) vous permet de vous assurer de  l’intégrité de votre mix et c’est une bonne idée de le placer ici aussi. Dans le cas d’un album, beaucoup de clients comparent le mix que vous venez de livrer avec un mix professionnel d’un artiste similaire. Il devient donc nécessaire de livrer au client un mix qui est passé par un pseudo « mastering » afin de se rapprocher du produit final. À cette fin, placez votre compresseur préféré sur le « master » tout en vous assurant de le désactiver sur la version du mix qui sera livrée à l’ingénieur de « mastering ». Un « EQ » sur le « master » peut vous permettre de faire quelques retouches (légères) finales sur le mix au complet. Si vous avez beaucoup d’égalisation à faire, c’est qu’il y a un problème avec le mix ! Rappelez vous que vous faites du mixage et non du « mastering », vous ne devriez pas trop avoir à jouer sur cette piste.

21 – Créer un dossier dans lequel mettre toutes les différentes versions des mix

Vous aurez peut-être besoin d’envoyer des mix de la chanson à votre client aux différentes étapes de votre mixage. Créez dès le début un dossier dans lequel vous placerez tous ces mix pour ne pas avoir besoin de les chercher ultérieurement. J’envoie souvent des MP3 par courriel à mes clients, mais je garde les versions .WAV dans un dossier au cas où… Si le client préfère la version précédente d’un mix, j’y ai accès facilement. Si c’est cette version du mix qui ira au « mastering », la version MP3 n’est d’aucun intérêt, il faut absolument la version non-compressée (.WAV par exemple).

22 – Vérifier « Session File Backups »

22) Archivage

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Une session peut se corrompre. Dans beaucoup de logiciels, il est possible d’automatiser les copies de sécurité ou « backups ». Il s’agit d’une sauvegarde automatique de la session. Avec ProTools, vu que la session est petite en taille (ce sont les fichiers audio qui sont gourmands en espace disque) je demande au le logiciel de me faire une copie toutes les minutes. Les « backups » ont été traités dans un autre blog que vous pouvez retrouver ici.

23 – Penser à l’archivage de votre session

Vous avez toutefois, toujours besoin d’avoir votre session sur deux supports et à deux endroits (sur un nuage, sur une clé USB ou un disque dur). Si vous n’avez jamais eu de problèmes c’est que ça ne fait pas longtemps que vous travaillez !

24 – Faire un « Save Session » sans les « Audio Files » pour en faire un « Template » !

24) Template

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Si vous travaillez sur un projet récurrent (publicités, série télévisée, album…), avoir une session de départ avec votre configuration habituelle peut sauver des heures de travail technique (hémisphère gauche du cerveau) et vous permettre d’être créatif plus rapidement sans gaspiller du temps sur des taches dont on pourrait franchement se passer. Sur des sessions complexe, le temps de préparation demande une concentration qui fait qu’on est déjà fatigué avant même d’avoir commencé a mixer ! Une fois votre session installée, sauvez là sous un autre nom de façon à pouvoir la récupérer ultérieurement. Quand vous avez un moment, ouvrez là et débarrassez vous de l’audio dans cette session de façon à ne garder que les pistes avec vos « plugins ». Voici des exemples d’éléments dont vous n’aurez plus à vous soucier pour vos pistes habituels : leur assignations de « plugins » d’insertion, d’envois axillaires,  de « bus » de sortie, leurs groupes, le pan etc… Cette méthode fonctionne bien lors du mixage d’un album dont les instruments ne varient pas trop d’un morceau à l’autre. Vous pouvez au besoin garder certains fichiers audio qui se retrouvent à chaque session comme dans le cas d’une publicité qui utilise la même musique tout au long de la campagne publicitaire ou dans le cas d’une série télévisuelle qui a la même musique de générique au début et à la fin de chaque épisode.

25 – Facturer le temps de préparation

Vous êtes enfin prêt à commencer à mixer. Vous pouvez enfin vous amuser et laisser votre côté créatif s’exprimer. N’oubliez pas d’inclure le temps de préparation à votre facture.

Comme vous pouvez le constater, la préparation peut prendre des heures, d’où l’importance de travailler avec un « template ». Les clients trouvent que pendant ce temps leur mix n’avance pas alors il faut minimiser ce temps de préparation. Vous avez un budget à respecter alors plus la préparation est rapide, plus ça laisse de temps pour mixer. Gardez en tête que vous devez être au moins aussi efficace que votre concurrence. Si vous pensez à des points que je ne n’ai pas mentionné n’hésitez pas à m’en faire part.

Commentaires ou questions : k.blondy@musitechnic.net

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