Une session d’enregistrement peut rapidement devenir très compliquée simplement parce que l’artiste ne s’est pas préparé adéquatement en vue de la session ce qui peut se transformer en réel cauchemar pour l’ingénieur du son. Cependant, la session d’enregistrement peut aussi devenir compliquée parce que vous, l’ingénieur du son, n’avez pas bien fait votre planification préalablement. Cela peut arriver facilement puisqu’en tant qu’ingénieur du son indépendant les contrats peuvent varier énormément et en passant d’un client à l’autre c’est facile d’oublier certaines détails. Une session peut aussi devenir compliquée subitement parce que vous travaillez dans des conditions qui ne sont pas idéales (tel que des enregistrements en extérieur) ou parce que vous paniquez facilement et manquez ce qui devrait, dans d’autres circonstances, être évident. Le blog d’aujourd’hui, en deux parties, parle d’erreurs, surtout en situation d’enregistrement en extérieur. Si vous l’avez manqué, voici le lien de la première partie. Certains des exemples cités sont des erreurs que j’ai moi-même commises et d’autres sont des choses qui sont arrivées à mes collègues. Gardez en tête que vous n’êtes pas obligés de faire les mêmes erreurs que nous, vous pouvez apprendre des erreurs des autres!
6) Maîtrisez votre logiciel
Idéalement vous devriez travailler avec un model pré-établi (« template ») afin de ne pas perdre de temps à l’installation. C’est encore pire d’essayer désespérément de configurer le logiciel pour une tâche, lorsque le client attend. C’est valable pour les techniciens de tout niveau mais surtout si vous manquez d’expérience, la veille au moins vous devriez ouvrir le logiciel et essayer de faire tout ce que le client pourrait vous demander (mettre un piste de « click », grouper certaines pistes, « punch in », etc…), juste pour vous assurer que vous savez comment le faire. Quand le client est juste à côté de vous c’est facile de négliger les choses essentielles. Quand le client est juste à côté de vous, vous pourriez ne pas remarquer qu’une boîte importante n’a pas été cochée et qu’elle vous empêche d’accomplir une tâche en question.
Avec les logiciels, c’est une chose de pouvoir ‘s’en sortir’ mais il faut en connaître plus que juste les bases quand on travaille avec un client. On m’a déjà relaté l’histoire d’une session d’ADR (réenregistrement de dialogue pour un film) où l’ingénieur du son ne savait pas comment mettre des marqueurs pour identifier les bonnes prises. Sans ces précieuses notes, la personne qui devait faire le montage n’était pas contente parce qu’elle devait tout écouter afin d’identifier les prises à garder. J’ai déjà entendu aussi l’histoire d’un ingénieur qui ajoutait des effets sonores à une session à l’aide de SoundMiner mais pas correctement. L’ingénieur n’avait pas mis les bons réglages dans le logiciel. Quand on a voulu travailler la session sur un autre ordinateur pour le mixage, les fichiers audio des sons n’avaient pas suivi. Tous les effets sonores avaient disparu. L’équipe de production était bien sûr contrariée et l’ingénieur a été remplacé par quelqu’un d’autre pour les sessions subséquentes!
7) Soyez conscient de votre environnement
J’enregistrais des ambiances à l’étranger et je me promenais en enregistrant dans les quartiers un peu plus obscurs de la ville. Je n’ai pas remarqué que ma présence ne fût pas appréciée de certains. Casque sur les oreilles, ma seule préoccupation étant la qualité des enregistrements, je n’ai pas remarqué que j’avais atteint une zone de la ville où le traffic de drogues est commun. Les revendeurs de drogues me regardaient de travers avec mon équipement d’enregistrement. L’équipe de production m’avait fourni un guide local et heureusement, il s’est occupé de leur parler et de leur dire de me laisser tranquille. Moi, j’enregistrais et je gardais l’oeil sur mes niveaux, je n’ais rien vu de tout ça.
8) Respiration
Une fois de plus, j’enregistrais des ambiances à l’étranger avec un enregistreur portatif. Pour des raisons de sécurité je tenais mon enregistreur près de moi pour enregistrer. Quand par la suite j’ai écouté mon enregistrement dans le calme, je pouvais entendre ma respiration sur les enregistrements. J’avais enregistré toute une journée d’ambiances sur lesquelles on entendait ma respiration, même si je m’étais placé dans l’angle de rejection des microphones cardioïdes de l’enregistreur.
9) Casque d’écoute
Dans le passé, je n’apportais jamais mon propre casque d’écoute en extérieur, choisissant plutôt d’utiliser le casque qui était fourni. Je ne sais pas si c’était parce que je ne voulais pas risquer de les abimer ou de les perdre, mais j’ai appris à quel point, dans la mesure où on peut se le permettre, c’est utile d’avoir un casque d’écoute confortable à soi. Que vous soyez en train de mettre en onde une émission de radio depuis un restaurant où que vous fassiez du montage de pistes dans une chambre d’hôtel, certains casques d’écoute peuvent devenir inconfortables et pleins de sueur quand on les porte longtemps.
10) Ayez avec vous des adaptateurs ¼ de pouce et 1/8 de pouce
Certains casques d’écoute ont un connecteur ¼ de pouce qui ne peut être branché directement dans la prise 1/8 de pouce d’un ordinateur portable. Lors d’une affectation en extérieur, je me suis retrouvé à devoir toujours brancher l’interface audio (via USB) juste pour pouvoir brancher mon casque d’écoute dans la carte son. Afin d’utiliser la prise d’écouteur de l’ordinateur (pour une simple écoute par exemple) il m’aurait fallu un adaptateur ¼ de pouce à 1/8 de pouce. Plusieurs casques d’écoute viennent équipés d’une prise 1/8 de pouce qui se branche dans un adaptateur 1/4 de pouce mais ils ne sont pas toujours très fiables et certains peuvent se déconnecter facilement sans qu’on s’en rendent compte. J’ai travaillé dans plusieurs studios où tous les casques ont été ressoudés avec des prises 1/4 de pouce. La raison étant que la majorité de l’équipement professionnel a des sorties de casque ¼ de pouce alors on n’a jamais besoin de chercher d’adaptateur en studio… à moins de vouloir brancher les écouteurs directement dans votre ordinateur bien sûr!
11) Éditeur stéréo
Quand j’enregistre des ambiances j’aime trier et faire le ménage de mes sons au fur et à mesure, avant de trop en accumuler. Pour éviter de chaque fois avoir à ouvrir votre DAW pour faire une simple édition, c’est une bonne idée d’équiper son ordinateur d’un logiciel d’édition stéréo de base. Il peut être irritant de devoir ouvrir ProTools juste pour faire une édition de base sur un fichier stéréo, ne serait-ce qu’à cause du iLok. J’ai une ancienne version de Peak que j’emploie pour cet usage.
Il n’y a pas de limites aux choses cocasses qui peuvent arriver lors d’une session d’enregistrement. Une chose est certaine : plus vous faites d’erreurs, plus vous vous sentirez ridicule, plus vous vous rappellerez de ces erreurs et moins vous avez de chances de les reproduire. Il est important de toujours vérifier les bases : est-ce que votre appareil est allumé? Est-ce que votre « plugin » est en « bypass »? Vérifiez les bases surtout, si vous travaillez dans des circonstances stressantes. Apprendre à bien performer dans des conditions difficiles, voilà ce qui fera de vous un pro.
Questions et commentaires: k.blondy@musitechnic.net
Crédit image: rawpixel.com
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