Les “patchbays” sont souvent source de confusion pour le technicien de son en devenir. Certains se demandent même quelle fonction ils peuvent détenir dans le studio. Les différents types de « patchbays » qu’on peut trouver (analogue ou numérique, ordinaire ¼ de pouce, « longframe » ¼ de pouce, « bantam » 3/8 de pouce…) et leurs différentes configurations possibles (normalisée, semi-normalisée ou pas normalisée) ajoutent à la confusion. Cela est quelque peu ironique puisque la raison d’être des « patchbays » est en fait de faciliter le travail du technicien car ils permettent aux connections audio de tout l’équipement du studio d’être localisé à portée de main et facile d’accès pour le technicien de son. De plus, toutes les connections sont faites avec le même type de prise, ce qui résout le problème de devoir trouver des adaptateurs et puisque toutes les prises sont centralisées au « patchbay », la longueur des câbles des différents appareils, qui sont peut-être éloignés les uns des autres, n’est plus un problème. La dernière fois on a vu la fonction du « patchbay » dans le studio, les couts que cela entraine. Ici je ferai le tour des conseils et astuces qui pourraient vous servir si vous prévoyez ajouter un « patchbay » à votre installation.

 

Quelles connections devraient-on ou ne devrait on pas normaliser sur un « patchbay »?


Tel que l’indique le terme, toutes les connections qu’on utilise normalement devraient être normalisées sur le « patchbay ». Cela veut dire que pour une opération « normale » de studio vous n’aurez à « patcher » aucun fil. Vos synthétiseurs et autres sources de son devraient être normalisés à leur canal d’entrée de console habituel. Les « insert sends » de la console de mixage devraient être normalisés à vos compresseurs habituels (par exemple) et ces compresseurs normalisés à leur tour vers le « insert returns » de la console de mixage. Dans un studio d’enregistrement les « direct outs » de la console de mixage devraient être normalisés aux entrées de l’enregistreur. Autrement, les sorties « subgroup » ou « bus » peuvent être normalisées aux entrées de l’enregistreur. Suivant la même logique, les sorties de l’enregistreur devraient être normalisées aux « tape returns » de la console de mixage. Vos envois auxiliaires devraient être normalisés à vos effets de réverbération préférés ainsi qu’à l’amplificateur des casques d’écoute que vous utilisez pour les musiciens dans le studio. La sortie « control room » de la console devrait être normalisée à l’enregistreur stéréo. Bien sûr, tous ces points de « patch » nécessiteront probablement plus qu’un « patchbay », surtout si vous travaillez avec une grande console ainsi que beaucoup d’appareils externes (« outboard »), donc vous allez surement dépasser le budget inclus dans la première partie de cet article.

Voici quelques exemples de ce qu’on normalise sur un « patchbay »

  • Sources sonores -> entrées de la console
  • Envois auxiliaires de la console -> entrées d’effets externes (ex: réverbération/délai)
  • Envois auxiliaires de la console -> entrées d’amplificateur des casques d’écoute
  • Sorties d’effets externes (ex : réverbération/délai) -> retours auxiliaires de la console
  • Envois des « inserts » de la console -> entrées des processeurs dynamiques (ex: compresseur/ « gate »)
  • Sorties des processeurs dynamiques (ex: compresseur/ « gate ») -> retours d’insertions de la console
  • Sorties « direct outputs » de la console -> entrées de l’enregistreur multipistes (ex: carte de son/interface)
  • Sorties de l’enregistreur multipiste (ex: carte de son/interface) -> entrées « tape returns » de la console
  • Sorties « control room » de la console -> entrées des moniteurs amplifiés

 

Conseils

 

Faites un schéma avant de commencer


Vous aurez besoin de planifier votre installation de « patchbay ». Utilisez un logiciel tableur (« spreadsheet ») pour vous aider à organiser et planifier les différentes longueurs de câble dont vous aurez besoin avant de commencer les branchements. Regardez votre façon de travailler (« workflow »), commencez du début et continuez jusqu’à la fin. Par exemple, dans un studio d’enregistrement typique, cela voudrait dire qu’on commence aux entrées de la console, pour finir à la stéréo principales, via les points d’insertion, les envois et retours auxiliaires et enfin les envois et retours « tape ». Commencez donc au coin supérieur gauche du « patchbay » et continuez vers la partie inférieure droite du dernier « patchbay » si vous en avez plusieurs.

Une installation de « patchbays » séparés


Tout dépendant de la disposition physique du studio, l’utilisation d’un ou plusieurs « patchbays » peut être envisagée. Par exemple, en plus de votre « patchbay » principal près de la console, vous avez peut-être quelques claviers dans un coin de la pièce qui pourraient justifier d’avoir leur propre « patchbay ». Si c’est quelque chose que vous envisagez, il serait judicieux d’avoir quelques liens (appelés « tie lines ») entre les deux « patchbays » afin d’envoyer facilement les claviers aux entrées de la console via le « patchbay » principal ou alors envoyer un signal de la console aux claviers (pour un « vocoder » ou un « mix » d’écouteurs…). Ce serait bête d’avoir deux « patchbays » dans le studio et de quand même avoir à faire passer de longs câbles à travers le studio quand on a besoin de les relier.

Le nettoyage


Les « patchbays » sont censés être auto nettoyants ce qui veut dire que vous n’avez pas besoin d’un produit particulier pour les nettoyer. Une fois le câble inséré dans le « patchbay », une petite torsion (dans le sens et ensuite à l’inverse des aiguilles d’une montre) dans la prise devrait suffire pour garder les contacts propres. L’utilisation de produits de nettoyage peut en effet ronger le plaquage en chrome sur les connecteurs « A-gauge » et user les contacts à l’intérieur. Il est cependant une bonne idée de garder le « patchbay » à l’abri de la poussière. Si le « patchbay » est en position verticale dans un « rack » il accumulera moins de poussière que s’il est positionné à l’horizontale (comme les « patchbays » sur les côtés des consoles) où les prises n’attendent que ça que la poussière vienne s’y infiltrer.

 

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Le « patchbay » en position verticale accumule moins de poussière que s’il est positionné à l’horizontale

C’est un énorme investissement de temps d’installer un « patchbay » mais il est bien utile car il est là justement pour faciliter votre travail, augmenter votre « workflow », vous encourager à utiliser tout l’équipement que vous possédez déjà. Une fois le « patchbay » installé, vous pourrez passer plus de temps à faire ce que vous aimez réellement, que ce soit l’enregistrement, la composition, le mixage ou la conception sonore. Vous pouvez utiliser le côté créatif (droit) de votre cerveau et laisser couler l’inspiration plus facilement si vous minimisez (éliminez) les tâches techniques qui sollicitent le côté gauche du cerveau. Ces tâches techniques (tel que essayer de se faufiler derrière une console pour brancher un clavier avec un câble qui est trop court) interrompent le processus créatif et tue les moments d’inspiration qui nous sont chers.

Questions et commentaires: k.blondy@musitechnic.net