Conseils pour monter un studio d’enregistrement professionnel selon Sonny Black

Sonny Black? Le mafieux de Brooklyn porté à l’attention du grand public dans le fameux film Donnie Brasco? Celui qui, de son vrai nom Dominick Napolitano, a été piégé dans une opération du FBI?  Il y a peut-être quelques ressemblances (d’où le surnom), mais ce n’est pas du tout d’un criminel sans scrupule dont on traite dans cet article! Bien au contraire, c’est d’un compositeur talentueux que nous sommes très fiers d’avoir ici à Musitechnic comme professeur. Le Sonny Black dont nous parlons est un réalisateur de musique qui a collaboré avec des artistes tels que K-Maro, Corneille, Yvon Krevé, Dubmatique et bien d’autres. Il est aussi un joueur de piano aguerri ainsi que, étonnamment, un danseur de ballet! Opérant présentement à partir de deux studios d’enregistrement à Montréal, Sonny a su, tout au long de sa carrière, faire de ces lieux de création des endroits propices à l’inspiration musicale qui répondent aux besoins des artistes et créent des atmosphères  chaleureuses. C’est avec plaisir que nous partageons avec vous ses conseils de réalisateur de musique professionnel.

Le réalisateur est au service de l’artiste

Sonny le dit d’entrée de jeu, ce qui l’a guidé dès le départ et le guide encore aujourd’hui est de comprendre ce dont les artistes ont besoin et comment il peut les aider dans leur développement artistique. Pour lui, le domaine de la production musicale en est un de personnalités. Il s’agit de comprendre à quel type de personnalité on a affaire et si on est apte à travailler avec elle. Il l’avoue lui-même, il refuse parfois de travailler avec certains artistes avec lesquels il ne pense pas pouvoir trouver assez d’affinités. Il est alors tout d’abord question de savoir quels projets choisir: ‘’tu vas être dans le studio pendant des heures et des heures et des heures. Si ce n’est pas amusant, certes, c’est du travail, mais il faut qu’il y ait un peu de plaisir quelque part. Donc je commence par une conversation avec l’artiste. Qu’est-ce qu’il a fait avant, ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. En général, ils viennent me voir parce que ce qu’ils faisaient avant ne leur convenait pas vraiment ». Sonny aime comprendre quel genre de musique inspire les artistes avec qui il collabore en partageant des listes d’écoute. Il est attentif à ce que les  artistes lui disent et précise que même de simples blagues peuvent être importantes. Également, si l’interprète apprécie quelque chose en particulier des compétences d’un réalisateur, il suggère alors de mettre l’emphase sur cet aspect:  »Ils aiment ce genre de choses? Alors fais-les et fais plus de ces choses-là!’’ Comprendre l’artiste, c’est aussi se rappeler que celui ou celle-ci va interpréter ses chansons plusieurs fois. C’est lui ou elle qui aura à vivre avec la production d’une chanson tout au long de sa carrière, tandis que le réalisateur passe généralement à autres choses:  »Pensez à Prince. Il a chanté Purple Rain de 1984 à 2016. C’est une très longue période pour chanter la même chanson… » 

L’importance de l’équipement

Beaucoup d’aspirants professionnels se lancent dans la production musicale en tentant d’acquérir de l’équipement le plus rapidement possible pour commencer à produire en pensant qu’au moins ils pourront attirer quelques clients, voire desservir des amis. Mais Sonny croit qu’une telle attitude risque de mettre en péril la qualité de la production et du même fait,  affecter la réputation du réalisateur . Ceci suit, en quelque sorte, la philosophie selon laquelle le réalisateur  est au service de l’artiste. Si le réalisateur  a de l’équipement bas de gamme, il ne peut servir convenablement l’artiste. Parfois, il vaut mieux attendre d’amasser le montant nécessaire pour acheter des produits d’une meilleure qualité. Sonny conseille de faire une recherche sérieuse avant d’acheter n’importe quel morceau d’équipement et de se demander si cela va durer dans le temps etsi cet achat saura desservir l’artiste.
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J’ai vu des gens qui essaient de monter un studio très rapidement et qui se demandent ensuite pourquoi ils n’ont pas de clients. Eh bien, avez-vous écouté ce que vous faites ? Nous disons sans cesse : utilise tes oreilles ! Cependant, quand on débute, on ne peu pas faire confiance à ses oreilles car elles ne sont pas encore assez développées. Mais si tes clients reviennent ou pas, c’est un signe ».

La valeur ajoutée d’une bonne ambiance dans un studio

Pour monter un studio qui saura vraiment satisfaire un artiste, il ne faut pas seulement penser à l’équipement, mais encore, à l’expérience que le studio offre:  »Mettez-vous à la place de l’artiste quand il franchit la porte. Que voit-il ? Qu’entend-il ? Que sent-il ? Toute l’expérience, à partir du moment qu’il passe la porte d’entrée du studio, que se passe-t-il ? Y a-t-il un canapé ? Comment est le microphone ? Comment sont les écouteurs ? Y a-t-il un lutrin pour poser leurs textes ou une sorte de socle pour leur téléphone ou leur iPad ?  » Ainsi, les détails de l’aménagement et de l’ambiance qui sont créés dans le studio, sont primordiaux pour que l’artiste se sente à l’aise de performer. Il faut penser à l’éclairage, à offrir à boire, à suggérer différents micros et écouteurs, etc… Il faut que le réalisateur passe par le même processus que l’artiste ferait dans son propre studio et qu’il se demande si tout y est agréable. Si vous mettez un divan dans une pièce pour écouter la production, demandez-vous: ‘’Est-ce que cela sonne bien d’où le divan est placé ?’’. Ce n’est donc pas seulement une question de compétences, d’équipements, mais aussi d’une certaine sensibilité quant à l’interaction humaine et l’expérience qu’on souhaite faire vivre aux artistes. Si un aspirant réalisateur ne pense pas être une personne à l’aise socialement, ces compétences peuvent certainement être acquises et sont importantes à développer.

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