Dans le cadre d’un contrat, je pars au Maroc pour faire des enregistrements d’ambiances et de wallas pour un concepteur sonore et j’ai pensé qu’il pourrait être intéressant d’offrir quelques conseils pour ceux qui n’ont jamais fait d’enregistrement « on-location ». Cela pourrait permettre d’éviter des embûches et des erreurs de débutants.

Dans la première partie j’ai détaillé les étapes de la préparation et maintenant dans cette deuxième partie je vais offrir quelques conseils sur les enregistrements eux-mêmes.

Commençons par la durée des enregistrements; ils devraient durer un minimum d’environ cinq minutes. Gardez en tête que la scène moyenne d’un film dure entre deux et trois minutes. Un enregistrement de cinq minutes va permettre de couper tout son indésirable (une voix qui parle fort près de vous, une motocyclette qui passe…) et avoir quand même une durée suffisante sans avoir à réutiliser un segment de l’enregistrement, ou encore pire, une boucle. Tout d’abord, il est plus efficace, en termes de temps et d’énergie, de continuer l’enregistrement pendant une minute ou deux. Ensuite, il y a toujours le risque que quelqu’un remarque une partie qui se répète ou une boucle.

Ensuite il faut essayer de ne pas tenir l’appareil dans les mains parce que cela le rend susceptible aux grondements des basses fréquences (« rumble »), un peu comme lorsqu’on utilise un micro à large diaphragme. Aussi, si vous enregistrez une ambiance dans un café par exemple, évitez de mettre l’appareil directement sur la table. Si votre pied tape la table, l’appareil le captera, ainsi que le grondement (« rumble ») causé par le mouvement d’objets sur la surface de la table comme des tasses, assiettes, mains… Il faut isoler l’enregistreur en utilisant un trépied. On en trouve dans la plupart des « kits » d’accessoires pour enregistreurs portables.

Une chose à ne pas oublier est une bonnette (« windscreen »). Elles sont indispensables et peuvent rendre un enregistrement de qualité inutilisable suite à des rafales de vent sporadiques. Bien sûr, c’est toujours possible d’essayer d’éditer les sons indésirables par la suite, mais c’est toujours mieux de se protéger! L’utilisation d’une chaussette peut en effet sauver la situation, quitte à perdre la fidélité dans les hautes fréquences et vous faire passer pour un amateur.

Aussi essentielle lors d’enregistrements en extérieur: la stabilité. Ne marchez pas avec l’enregistreur, il est mieux de s’arrêter cinq minutes et avoir un enregistrement stéréo stable (souvenez-vous que stéréo vient du grec “solide”). La chose à éviter est un changement dans l’image stéréo due au mouvement. Si le concepteur sonore veut du mouvement, il “panera” les sons en conséquence.

Demander la permission d’enregistrer est normalement recommandable, cependant ça peut aussi compliquer les choses. On risque de manquer l’enregistrement d’un son, qui aurait dû autrement prendre cinq minutes, parce qu’on ne vous a pas accordé la permission ou le son que vous vouliez s’est arrêté et ne s’entend plus. Ne demandez pas, enregistrez et faites semblant d’écouter de la musique dans vos écouteurs! Parfois, lorsque j’enregistre avec le Zoom H4N dans les mains, je fais semblant de taper ou de naviguer avec mes doigts…

La post-prod pour les films implique un son en « surround » donc, comme dernier conseil, je veux vous dire comment j’enregistre des ambiances et wallas en faux « surround ». Pour un vrai son « surround », un enregistreur multi-canaux est essentiel mais ne comble pas tous les besoins car il faut en plus transporter et installer plusieurs microphones, câbles XLR et pieds de micro. Non seulement votre sac devient très lourd, mais vous allez devoir oublier les enregistrements discrets et serez contraints à demander la permission systématiquement. Si, par chance, lorsque vous êtes prêt à enregistrer le son est encore présent, il faut être vigilant que votre équipement ne disparaisse pas. Il faut garder un œil sur l’équipement ainsi que sur les niveaux. Ma version implique d’enregistrer cinq minutes avec l’enregistreur face à la source de son pour les canaux gauche et droite, puis de tourner l’enregistreur de 180°, dos à la source) et faire un deuxième enregistrement de cinq minutes pour les canaux « surround » gauche et « surround » droite. Ce n’est pas parfait mais certainement un bon compromis : un bon son, rapidement et discrètement.

Maintenant il ne me reste que l’édition à faire…

Des questions? Des commentaires? k.blondy@musitechnic.net

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