Si vous avez déjà vu un chef d’orchestre au travail vous vous êtes surement demandé ce qu’il fait et vous vous êtes demandé si ces mouvements et gestes abstraits voulaient dire quelque chose. Avec leurs codes, règles et traditions, les chef d’orchestre et la musique orchestrale peuvent paraître intimidant pour les non-initiés. Depuis quelques années les élèves de Musitechnic enregistrent les concerts de l’Orchestre Philharmonique et Choeur des Mélomanes (OPCM) alors je me suis assis avec Francis Choiniere qui est le chef d’orchestre et codirecteur de l’OPCM et je lui ai demandé s’il voulait bien clarifier quelques points pour moi. La dernière fois nous avons parlé du rôle et des accessoires du chef d’orchestre, de la formation que suivent les chefs d’orchestre ainsi que la préparation nécessaire pour diriger une œuvre. Cette fois nous parlons de la différence de style entre chef, je demande à Francis qui du chef ou des musiciens le spectateur doit regarder. Nous en profiterons pour parler musique et finiront sur l’acoustique des salles de concert à Montréal.

Différences de style

Les chefs d’orchestre, comme les musiciens, ont leur propre style. Certain veulent tout contrôler dans l’orchestre, d’autres ont une approche plus ‘laissez-faire’. Par exemple certains chefs sont vraiment sur le temps lorsqu’ils battent la mesure, d’autres sont plus lent, presque en retard, laissant le soin aux musiciens de décider par eux-mêmes. Pour avoir une idée des différents styles de direction Francis Choiniere propose deux chefs qui, d’après lui, ont des différences assez claires de style : Valery Gergiev (et son cure dent) et Simon Rattle.

Où regarder ?

Maintenant que l’on comprend le rôle du chef, qui est ce que le public devrait regarder ? Le chef ou les musiciens ? Quelqu’un qui n’est pas habitué à voir un orchestre peut se sentir désorienté ou même distrait par le chef d’orchestre. J’ai posé la question à Francis et il suggère de regarder les deux car le chef donne des indications supplémentaires sur l’humeur et la tournure que prend la musique, alors de regarder le chef peut donner plus de clefs pour comprendre ce que fait la musique et quelle direction elle prend. Regarder ce que fait le chef peut guider l’auditeur dans son choix de regarder tel ou tel musiciens suivant l’évolution du morceau.

Musique

Notre discussion s’est poursuivie vers les gouts musicaux de Francis Choiniere. Je connais peu d’étudiants qui n’écoutent que de la musique chorale ou orchestrale mais c’est le cas de Francis. Il a ses préférés et trouvent que certains compositeurs sont sur-joués (Bach, Beethoven, Mozart…). C’est un peu pour cela qu’il tend naturellement vers la musique orchestrale contemporaine. Quoiqu’il n’ait aucun problème à diriger certaines œuvres de Mozart, il aime donner une chance à la musique du dernier siècle plutôt que de sur-glorifier une musique composée il y a plus de 300 ans. Comme co-directeur artistique de l’OPCM, se choix se reflète directement dans les œuvres que l’orchestre et la chorale décident de jouer.

Acoustique

Il est difficile de ne pas aborder l’acoustique des salles lorsqu’on parle de musique orchestrale alors j’ai demandé à Francis quelles étaient les salles qu’il préférait à Montréal. C’est sans surprise qu’il trouve que la Maison Symphonique a le meilleur son, et pas seulement du point de vue du public, pour les musiciens et chanteurs aussi. On juge souvent l’acoustique d’une salle en prenant la perspective du public mais ceux qui sont sur scène ont aussi besoin de bien s’entendre. Les musiciens et les chanteurs entendent les sons différemment de là où ils sont sur la scène et pour qu’ils puissent livrer une bonne performance ils ont besoin de bien entendre leur propre instrument ainsi que les autres musiciens et chanteurs. Francis trouve la Salle Wilfrid Pelletier trop grande ce qui cause une perte de son. La Salle Wilfrid Pelletier accueillait l’Orchestre Symphonique de Montréal avant que ce dernier s’installe à la Maison Symphonique. Étant étudiant en musique à McGill, Pollack Hall (qui est rattachée à la faculté de musique) est une salle qu’il connaît bien et apprécie, particulièrement pour sa réverbération.


Nous avons vu ses préférences comme chef d’orchestre ou chanteur mais qu’en est-il lorsqu’il assiste à un concert ? Comme spectateur il aime être au milieu du ‘parterre’ là où le son est à son meilleur. Mais si les billets sont trop chers, les places à l’arrière du ‘parterre’ offrent un très bon son aussi. D’ailleurs il préfèrerait s’asseoir au fond plutôt que dans les premières rangées où l’on entend moins bien. Les places sont encore moins chères si vous êtes au balcon. Francis aime s’asseoir à la première rangée du balcon pour la vue sur l’orchestre, et le son y est encore très bon.

J’espère avoir clarifié un tant soit peu le rôle du chef d’orchestre et vous avoir apporté quelques éléments supplémentaires pour mieux apprécier votre expérience la prochaine fois que vous assisterez à un concert orchestral ou que vous travaillerez avec un orchestre. N’oubliez pas que les codes et ‘règles’ existent souvent pour des raisons historiques mais qu’ils ne doivent pas vous empêcher de vous laisser prendre par l’émotion que véhicule la musique.

 

En savoir plus sur l’OPCM

 

Les prochains concerts de l’OPCM :

  • 28 Juillet : « L’homme Armé » – Fernand Lindsay Amphitheatre
  • 12 Octobre : « Game Of Thrones Live Concert » – Centre Bell
  • 21 Octobre : Avec Andrea Bocelli – Centre Bell

Questions ou commentaires ? k.blondy@musitechnic.net

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