
Beaucoup d’élèves viennent à Musitechnic sans toutefois vouloir travailler comme technicien de son après leur diplôme. Créer sa propre compagnie de disque est une option que considèrent certains élèves lors qu’ils sortent de Musitechnic. Parmi eux nous avons Louis-Armand Bombardier qui y est venu chercher des connaissances techniques avant de créer en 2001 L-abe, la compagnie de disques dont il est le président. J’ai discuté avec lui de ce que c’est qu’une compagnie de disque en 2016. Lors de cette discussion nous avons abordé les changements observés depuis 2001 dans l’industrie, les défis d’une compagnie de disque, l’arrivée du « streaming », la résurgence du vinyle. Je vous fais part de ces sujets aujourd’hui et la prochaine fois nous aborderons la survie d’une compagnie de disque, les subventions ainsi que l’édition et la distribution.
Le rôle de la compagnie de disque en 2016
Avec la chute des ventes de disques et les bouleversements que vit l’industrie de la musique depuis des années on peut se demander ce qu’est une compagnie de disque en 2016. « On n’appelle plus ça une compagnie de disques » me dit Louis-Armand qui présente aujourd’hui L-abe comme une boite de développement culturel. « C’est un outil de « branding », ce que l’artiste ne fait pas, la compagnie le fait. On fait rayonner l’artiste, on fait la promotion. Nous sommes une entreprise de services dans un marché mondial. Nous gérons des évènements ou le « package » d’une marque, d’un « brand » qu’est l’artiste ».
Les changements depuis 2001
Pour Louis-Armand le rôle de la compagnie de disque n’a pas changé depuis qu’il a commencé : l’artiste a une œuvre d’art à présenter et il a besoin d’argent pour en faire la promotion. Le salaire des musiciens non plus n’a pas changé mais la compétition est plus rude maintenant, et la concurrence grandit. Louis-Armand explique que c’est plutôt le marché qui a changé. La technologie a rendu la production plus abordable donc plus accessible. Le cycle de commercialisation de ces œuvres d’arts s’est raccourci: « Il y a trop de projets, le temps de « spot light » est court » dit-il. Les parts de marché sont morcelés. La conséquence de tout ça est qu’il y a un protectionnisme fort sur chaque territoire. D’après Louis-Armand la connaissance collective du public, des consommateurs, elle n’a pas changée : la culture musicale reste très « top 40 ».
Le « streaming », les CDs et le vinyle
Avec le « streaming » est apparu un système a deux vitesses: un système qui vend du plastique (les CDs) et l’autre qui te donne 1cents pour du « streaming ». Le CD n’a pas encore disparu chez L-abe. Même si Louis-Armand a hâte d’en finir avec ce support, ils en font encore car certains de ces artistes en vendent pleins, d’autres non. Si le public d’un artiste veux du vinyle ils en font, mais Louis-Armand sait que le vinyle ne remplacera pas le CD. « Les gens achètent, c’est un magnifique objet mais c’est nostalgique, les gens écoutent en ‘ballado’ donc ça ne marche pas. Ça ne sauvera pas l’industrie. Les ventes de vinyles ont beau augmenter elles ne représentent que 3% du marché ». De plus la logistique pour le vinyle est compliquée puisque L-abe fait faire ses vinyles en Inde et une commande peut prendre quatre mois.
L’équipe L-A Be
L-A Be c’est 7 employés qui aident l’artiste à devenir un « brand », une marque.
Lorsque nécessaire ils font appel à des « fournisseurs externes » pour ce qui est des relations de presse pour les projets ponctuels, ou pour le « tracking » radio, par exemple. Chez L-A Be, deux personnes s’occupent des communications et du « marketing », une personne s’occupe de la production de spectacles (la gestion des budgets, des équipes, de la location, etc). Ère numérique oblige, une personne s’occupe de l’identité numérique (la présence numérique du label et de l’artiste). Deux comptables sont nécessaires afin de maximiser les revenus des ventes des artistes et une technicienne administrative fait aussi parti de l’équipe chapeautée par Louis-Armand.
La prochaine fois
Le marché du disque ayant changé nous verrons la prochaine fois comment L-abe arrive à tirer son épingle du jeu. Avec Louis-Armand Bombardier, son directeur et créateur, nous aborderons notamment les subventions, l’Europe, l’édition, la promotion ainsi que la distribution des œuvres des artistes que L-abe signe.
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